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Développement de la pêche sous l'égide de l'État : permettre l'accès aux ressources et aux marchés de la pêche au thon à canne et à la ligne aux Maldives

· Food and Agriculture Organization of the United Nations

Zacari Edwards International Pole and Line Foundation Londres, Royaume-Uni

Hussain Sinan *Programme des affaires maritimes * *Université Dalhousie * *Halifax (Nouvelle-Écosse) * B3H 4R2, Canada

M. Shiham Adam *Fondation internationale des pôles et des lignes * Malé, la République des Maldives

Alice Miller *Fondation internationale des pôles et des lignes * Londres, Royaume-Uni

Les Maldives sont une nation fortement tributaire de ses ressources marines, pas plus que le thon à skipjack capturé dans le cadre de sa pêche à la ligne. Les citoyens maldiviens tirent d’énormes avantages de la pêche grâce à la gestion efficace de la ressource par l’État. Le présent document présente les principales mesures prises tout au long de la chaîne de valeur de la pêche au thon à hespérie canne Le gouvernement maldivien a pris pour soutenir et faciliter les améliorations le long de la chaîne de valeur de la pêche au thon à bestioles et, par extension, montre comment ces nombreuses mesures gouvernementales ont abouti à un alignement sur les recommandations énoncées au chapitre 7 des Directives volontaires pour assurer une pêche artisanale durable dans le contexte de la sécurité alimentaire et de l’élimination de la pauvreté, en particulier les paragraphes 7.6 à 7.9. En mettant en lumière les bonnes pratiques du Gouvernement maldivien, le présent document met en évidence les principales leçons qui peuvent être tirées du cas des Maldives ainsi que les mesures que d’autres gouvernements de pays fortement tributaires de la pêche touchés par la mondialisation des demandes du marché.

**Mots-clés : ** Maldives, pêche au thon à la ligne, engagement du gouvernement, accès au marché, commerce international, écoétiquetage environnemental, protection sociale.

Cet article examine la chaîne de valeur des thonidés mâts et lignes aux Maldives afin de mettre en évidence les bonnes pratiques et les initiatives fructueuses conformes aux recommandations du chapitre 7 des Lignes directrices volontaires pour assurer une pêche artisanale durable dans le contexte de la sécurité alimentaire et de l’éradication de la pauvreté Directives), en particulier celles qui se rapportent aux paragraphes 7.6 à 7.9 (FAO, 2015) visant à renforcer les chaînes de valeur de la pêche artisanale, après la récolte et le commerce dans le contexte de la sécurité alimentaire et de l’élimination de la pauvreté.

Le document est structuré comme suit : Les sections 8.1.2 à 8.1.3 donnent un aperçu des secteurs de la récolte de thon à canne et de l’après-récolte aux Maldives. La section 8.2 décrit les méthodes utilisées dans l’analyse des études de cas. La section 8.3 examine les activités relatives à l’après-récolte et au commerce dans le contexte des interventions menées par l’État pour faciliter l’accès aux marchés (paragraphe 7.6) ; protéger la sécurité alimentaire locale contre les impacts du commerce international (paragraphe 7.7) ; favoriser une répartition équitable des avantages (paragraphe 7.8) ; atténuer les effets néfastes du commerce international (par. 7.9). Enfin, la section 8.4 traite de la reproductibilité de l’approche adoptée aux Maldives à d’autres pêcheries et, par extension, décrit les possibilités d’application de cette approche ailleurs.

En tant que nation archipélagique située dans le centre de l’océan Indien et disposant d’une zone économique exclusive (ZEE) couvrant une superficie de 900 000 km^2^ (3 000 fois leur masse terrestre), les Maldives ont toujours été fortement dépendantes de leurs ressources marines (Hemmings, Harper et Zeller, 2011). La pêche au thon à la ligne est à la fois la plus ancienne et la plus importante des Maldives, et elle est un pilier du pays depuis des siècles (Gray, 1889 ; Anderson et Hafiz, 1996). En conséquence, le secteur du thon est l’un des secteurs les plus importants de l’économie nationale, représentant 67 % des exportations totales (National Bureau of Statistics, 2018) ; 4 à 12 % du produit intérieur brut au cours des dix dernières années (National Bureau of Statistics, 2018) ; environ 11 % de la population active ( National Bureau of Statistics, 2014) ; et 85 % de la protéine totale consommée par les Maldiviens (FAO, 2003).

L’espèce cible de la pêche à la ligne est le thon à skipjack (Katsuwonus pelamis), le thon à nageoires jaunes (Thunnus albacares) étant capturé comme espèce secondaire en raison de leur comportement de scolarisation conspécifique [^1]. Les Maldives sont le troisième producteur mondial de thon canne derrière le Japon et l’Indonésie. La pêche peut débarquer plus de 68 000 tonnes de saucisson par année, ce qui représente plus d’un cinquième de l’offre mondiale totale de thon pêché à la canne et de 18 à 20 % des prises totales de saucisses dans l’océan Indien (figure 8.1) (Hohne-Sparborth, Adam et Ziyad, 2015 ; Gillett, 2016). Enfin, d’une importance cruciale pour le marché intérieur, la pêche à la ligne représente actuellement entre 60 et 70 p. 100 de l’ensemble des thons capturés aux Maldives (Ahusan *et al. *, 2018).

Il y a environ 677 bateaux commerciaux titulaires de permis qui emploient 7 981 pêcheurs inscrits aux Maldives. Toutefois, en utilisant les estimations du nombre moyen d’équipage de Miller et al. (2017) et le nombre total de navires immatriculés dans le pays (y compris les navires commerciaux titulaires de permis et les bateaux pêchant pour subsitance), le nombre de pêcheurs pourrait atteindre 10 832. En règle générale, ces bateaux à canne pêchent de 1 à 2 jours par voyage de pêche, en utilisant à la fois des dispositifs de pêche en milieu libre et des dispositifs de regroupement de poissons ancrés (PDAA) au cours d’un seul voyage.

[^1] : Thon à nageoires jaunes à son école de stade infantile avec du thon à queue jaune.

Les bateaux de pêche à la ligne (Masdhonis) sont construits à l’intérieur du pays par des entreprises privées et sont détenus et exploités par des citoyens maldiviens. La propriété est conservée au sein des familles et les proches parents sont souvent choisis comme capitaines des navires. Les membres d’équipage sont choisis par le commandant de bord en fonction de leur localité et habitent souvent la même île que le commandant de bord. Tous les bateaux de canalisation titulaires d’un permis sont également autorisés à pratiquer la pêche à la ligne à main ; toutefois, seuls quelques navires choisis, principalement des atolls du Nord, passent du canot à la ligne (ciblant le thon à queue jaune) à l’engin à main (ciblant le thon à nageoires jaunes adulte pour le marché du thon frais ou congelé).

En tant que forme hautement sélective de pêche, la pêche à la ligne présente des taux extrêmement faibles de prises accessoires, de rejets et de prises (ou d’interactions avec) d’espèces en voie de disparition, menacées et protégées (PTE) (Ahusan et al., 2018). Cette affirmation est appuyée par Miller et coll. (2017), qui ont observé 161 activités de pêche à la ligne et ont déclaré que le total des prises accessoires ne représentait que 0,65 % du total des prises de thon en poids. De plus, il y a très peu de déchets associés aux prises accessoires retenues, y compris les juvéniles et/ ou les poissons invendus de moindre qualité, la grande majorité étant consommée par les pêcheurs, leur famille et/ou distribuée dans les communautés locales (Lecomte, 2017).

La pêche à la canne et à la ligne aux Maldives présente un certain nombre d’avantages environnementaux supplémentaires. En ce qui concerne la pollution par les plastiques marins, le taux de perte d’engins est extrêmement faible, de sorte que l’impact de la pêche fantôme des lignes de pêche monofilaments perdues est faible à zéro. La pêche affiche également des résultats importants en ce qui concerne la réduction de son empreinte carbone : son intensité de consommation de carburant (FUI), qui varie entre 197 et 328 litres de consommation de carburant par tonne de thon capturé (l/t) (Miller, Adam et Baske, 2017), est l’une des plus faibles au monde pour une pêche commerciale ciblant le thon à skipjack. Ce chiffre représente moins de 80 % de l’IUF des autres pêches thonières (p. ex., le thon rouge de l’Atlantique) et moins de la moitié de l’IUB moyenne mondiale pour tous les navires ayant des relevés de carburant (600 à 639 l/t) (Parker et Tyedmers, 2015 ; Parker, Vázquez-Rowe et Tyedmers, 2015). Cet objectif a été atteint en partie grâce à l’utilisation de navires collecteurs de prises en mer, ainsi qu’à l’utilisation de DPA fortement réglementées et déployées par l’État.

 

La chaîne de valeur du thon à skipjack est complexe, le thon empruntant parfois de nombreux itinéraires avant d’atteindre les consommateurs. Dans l’ensemble, les pêcheurs canneurs peuvent vendre directement leur thon à criquet à au moins huit groupes d’acteurs distincts le long de la chaîne de valeur (figure 8.2). Il s’agit notamment des entreprises de transformation du thon frais ou congelé, des entreprises de transformation de la conserve, des navires de collecte dans l’océan, des clients dans les ports qui agissent comme intermédiaires, des entreprises de transformation à sec, des travailleurs de l’industrie artisanale de transformation à sec, des propriétaires de stands de marché sur les marchés locaux de poisson et des consommateurs.

 

Il y a trois grandes catégories de consommateurs que le skipjack peut atteindre depuis les Maldives. Il existe des marchés d’exportation haut de gamme tels que l’Allemagne, les États-Unis d’Amérique, l’Irlande, les Pays-Bas, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et la Suisse qui achètent le thon principalement sous forme de conserves et/ ou en sachet. Les Maldives exportent également environ 28 millions de dollars américains de thon skipjack congelé vers la Thaïlande, où il est mis en conserve et réexporté vers les marchés haut de gamme. Il n’y a qu’un petit marché pour le thon skipjack frais ou réfrigérés. Il y a aussi des marchés régionaux et internationaux comme le Sri Lanka et le Japon, respectivement, qui achètent principalement des skipjack transformés à sec aux Maldives. Enfin, il y a des consommateurs domestiques, y compris les habitants et les touristes.

Le thon en conserve est vendu par deux sociétés de transformation du thon : la Maldives Industrial Fisheries Company (MIFCO) et la société privée Horizon Fisheries. Le thon salé et le thon séché/fumé font également partie de l’alimentation locale, l’industrie artisanale et les entreprises de transformation s’occupant de ce marché (qui comprend le thon qui n’a peut-être pas atteint les normes de qualité à l’exportation). Les consommateurs nationaux peuvent également acheter du thon non transformé directement auprès des pêcheurs, des marchands de produits alimentaires sur les marchés locaux de poissons et des particuliers travaillant dans l’industrie artisanale.

Normalement, les secteurs de la pêche et de la transformation aux Maldives fonctionnent indépendamment les uns des autres. Les pêcheurs possèdent des bateaux de pêche et approvisionnent à la fois les transformateurs industriels et la communauté locale en thonidés à skipjack. Les transformateurs industriels reçoivent du poisson soit de l’un de leurs récipients collecteurs, soit directement du navire de l’installation de transformation (Gordon et Sinan, 2015). Le reste des prises peut être vendu aux petits transformateurs qui transforment du poisson séché ou aux communautés insulaires, par l’intermédiaire des marchés locaux ou directement aux consommateurs (Sinan, 2011). Les intermédiaires assurent également la liaison entre les stations balnéaires et les chaînes hôtelières, achètent du thon auprès de navires de pêche ou de marchés locaux et le vendent.

Afin d’examiner les bonnes pratiques du gouvernement maldivien au sein de la chaîne de valeur des thonidés à canne, le présent document a utilisé une stratégie de recherche par étude de cas. Cette analyse reposait principalement sur une analyse de données de bureau sur des ensembles de données accessibles et pertinents, ainsi que sur une analyse documentaire de rapports universitaires et/ou d’autres documents publiés dans le domaine public concernant la pêche au thon à hétéroclite des Maldives et la chaîne de valeur. Une fois que les données disponibles ont été rassemblées, elles ont été validées avec des experts nationaux afin de s’assurer que les conclusions étaient représentatives et reflétaient pleinement les données disponibles aux Maldives.

La pêche à petite échelle, comme la pêche à la ligne aux Maldives, est généralement constituée de réseaux commerciaux complexes et étendus, et comporte une gamme variée de rôles en matière d’emploi tout au long de la chaîne (Jacinto et Pomeroy, 2011). À ce titre, le présent document s’appuie également sur la littérature théorique analysant les chaînes de valeur de la pêche à petite échelle pour étayer son examen des pratiques de la pêche à la canne et à la lignée du thon à skipjack des Maldives dans le contexte des lignes directrices 7.6—7.9 du SSF.

Afin d’évaluer dans quelle mesure les pratiques du gouvernement maldivien sont conformes aux paragraphes 7.6 à 7.9 des Lignes directrices sur le SSF, il est important de comprendre le contexte plus large du marché mondial du thon. Le secteur du thon est un marché mondialisé en partie en raison du caractère hautement migratoire du thon, mais aussi en raison de la forte demande de ce thon dans le monde entier. Au cours des 20 dernières années, avec l’émergence du mouvement des produits de la mer durables, il y a eu une croissance des approches fondées sur le marché pour assurer la durabilité de la pêche au thon. Cela a eu pour effet d’accroître les exigences en matière de durabilité et de traçabilité imposées aux institutions gouvernementales et aux intervenants de l’industrie des produits de la mer.

Toutefois, le processus visant à respecter des normes de plus en plus strictes et/ou à concurrencer les revendications de durabilité d’autres pêches peut imposer un fardeau financier aux producteurs et constituer un obstacle au commerce, en particulier pour la pêche artisanale. Dans le cas de la pêche à skipjack aux Maldives, l’intervention de l’État a joué un rôle crucial pour répondre aux exigences de durabilité des marchés internationaux afin d’assurer une prospérité économique soutenue de son secteur de la pêche.

En raison de leur longue histoire de réglementation de la pêche, les Maldives sont bien placées pour répondre aux exigences changeantes du marché en matière de transparence et de fourniture de données soulignées ci-dessus. Le Gouvernement maldivien produit des séries chronologiques complètes de captures de thon dès 1954. Tant la loi sur la pêche no 5/87 de la République des Maldives que le règlement général de 1987 relatif à la pêche ont établi les institutions chargées de l’application des règlements de gestion des pêches. Ces mesures gouvernementales ont non seulement fourni une base solide pour la réglementation future, mais elles ont également servi de base pour faire en sorte que le pays soit en position solide pour répondre aux demandes du marché en matière de pêches transparentes et bien gérées.

Par exemple, en réponse aux exigences du règlement de l’Union européenne visant à prévenir, à dissuader et à éliminer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) en 2010, le gouvernement, en consultation avec les pêcheurs et l’industrie de transformation, a apporté des changements importants au système de gestion des pêches afin de garantir que les Maldives pourraient continuer à exporter vers les États membres de l’Union européenne. Les navires de pêche commerciale étaient tenus d’obtenir des permis de pêche et avaient pour mandat de déclarer les données sur les captures et l’effort au moyen de journaux de bord, ce qui remplacait lentement les rapports détaillés des bureaux administratifs des îles et des atolls. De plus, les détaillants et les grossistes qui achètent du thon pêché de façon durable ont pressé les transformateurs locaux d’obtenir la certification d’un tiers pour la pêche aux canneurs aux Maldives afin d’assurer un accès continu au marché mondial.

À la suite des pressions exercées par le secteur national de la transformation, le gouvernement des Maldives a accepté de soutenir le processus de certification du Marine Stewardship Council (MSC) par une aide financière et un soutien technique à la Maldives Seafood Processors and Exporters Association (MSPEA). Ce soutien a été essentiel pour parvenir à la certification du thon à skipjack aux Maldives, et depuis 2012, tout le thon pêché à la canne en conserve qui est exporté vers les marchés internationaux est maintenant certifié MSC. À ce titre, le rôle joué par le gouvernement dans la facilitation de ce processus a contribué à garantir aux acteurs du marché maldivien un accès soutenu aux marchés d’exportation, ce qui, par extension, a également contribué à faire en sorte que la pêche à la ligne continue d’offrir une source de revenus vitale et durable aux personnes impliquées dans la chaîne de valeur.

Afin de répondre aux exigences croissantes de traçabilité du marché, le gouvernement a également établi et mis en œuvre un système de surveillance des navires (VMS) en 2013 par le biais du 1er amendement au règlement sur les licences de pêche, de transformation et d’aquaculture destinées à l’exportation (2013/R-60). Cette modification rendait obligatoire le suivi de tous les bateaux de pêche titulaires de permis par l’intermédiaire de VMS afin d’obtenir et de conserver des permis de pêche. Un examen du SMV en 2018 a permis de cerner les principaux domaines à améliorer que le Gouvernement maldivien s’efforce depuis de résoudre en collaboration avec la Banque mondiale et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

La mise en œuvre des technologies de traçabilité s’est encore accrue aux Maldives avec l’introduction par le gouvernement du Système d’information sur les pêches (SIF) en 2016. La SIF est une base de données Web conçue pour tenir à jour et saisir les données sur les pêches. Le système permet de tenir à jour les renseignements sur les bateaux de pêche, de suivre et de délivrer les permis de pêche, de compiler les données sur les achats de poisson auprès des acheteurs commerciaux (transformateurs) et de compiler les données des journaux de bord déclarées par les navires de pêche. La SIF a été élaborée en fonction des différents flux de traitement utilisés par différentes entreprises après des consultations et des essais approfondis. Depuis sa mise en œuvre, la base de données a été le centre d’opérations des entreprises de transformation. Étant donné que le SIF fournit un portail de vérification directe des documents permettant aux autorités de l’Union européenne de vérifier les documents de capture, il fonctionne comme un outil de traçabilité permettant à la pêche de répondre aux exigences toujours croissantes de traçabilité imposées au secteur.

En réponse aux préoccupations de durabilité soulevées sur le marché au sujet de la dépendance de l’industrie thonière à l’égard des PADA, le gouvernement encourage également les pêcheurs à accroître leurs activités de pêche en liberté [^2], dans le but d’atteindre les objectifs d’atténuation des prises accessoires fixés au niveau national. Un exemple clé de cette situation est le travail du gouvernement, en partenariat avec l’International Pole and Line Foundation (IPNLF), qui a testé des « navires conceptuels » qui introduisent des radars pour oiseaux et des sonars à poissons sur des navires à canons afin de faciliter l’emplacement de l’école libre (figure 8.3). À ce jour, deux navires ont commencé à utiliser ces systèmes, en vue d’encourager d’autres navires de pêche à faire de même. Grâce aux navires conceptuels, le gouvernement maldivien modifie de façon itérative la conception des thoniers afin d’améliorer la qualité du produit et l’efficacité économique des opérations de pêche.

Enfin, en réponse aux préoccupations des acteurs du marché concernant l’impact de la pêche aux appâts vivants sur l’écosystème, le gouvernement des Maldives a élaboré un plan de gestion de la pêche aux appâts vivants en 2013, en consultation avec les pêcheurs et les intervenants (Gillet, Jauharee et Adam, 2013). Le plan était axé sur la facilitation du renforcement de la collecte, du suivi et du respect des données, et il présentait également un certain nombre de dispositions juridiques envisageables pour aider à atteindre ces objectifs.

Au niveau national, les dispositions envisageables comprenaient l’extension des zones d’exclusion aux Maldives pour les activités de pêche à l’appât, c’est-à-dire autour des stations touristiques (1500 m), à l’intérieur des sites de plongée désignés et des zones marines protégées. Le plan proposait également, si nécessaire et en consultation avec les parties prenantes, une interdiction de la vente d’espèces de poissons appâts pour la nourriture et recommandait que le Centre de recherche des Maldives approuve au préalable de nouveaux types de méthodes de pêche à l’appât. En outre, un certain nombre de responsabilités réglementaires ont été proposées au niveau des atolls en vertu desquelles les autorités locales pourraient, à leur discrétion, restreindre l’utilisation des appâts attirant des lumières ; restreindre la taille des filets de pêche à l’appât ; interdire l’utilisation d’engins de plongée pour la pêche à l’appât ; interdire tout appât les activités liées à la pêche qui perturbent les récifs coralliens et introduisent des fermetures temporaires de zones pour les activités de pêche à l’appât.

[^2] : La pêche à l’école libre signifie la pêche sur une école de thon de natation libre — c’est-à-dire sans l’utilisation (ou association avec) des AFAD.

 

Dans l’ensemble, le Gouvernement des Maldives s’est montré extrêmement actif en soutenant et en encourageant la pêche au thon canne. En outre, il a créé activement un environnement politique dans lequel les membres de la chaîne de valeur peuvent optimiser les avantages qu’ils tirent de la pêche.

La demande et la consommation intérieures de thonidés à skipjack augmentent aux Maldives, la société publique de transformation MIFCO effectuant désormais la majorité de ses ventes aux consommateurs nationaux. Les citoyens des Maldives consomment en moyenne 94 kg de thon à skipjack chaque année (Lecomte, 2017) et consacrent environ un cinquième des dépenses alimentaires totales des ménages aux fruits de mer, le thon à skipjack étant le poisson le plus consommé dans ce groupe (National Bureau of Statistics, 2016). L’abondance historique de l’offre de thons aux Maldives a fait qu’aucune loi n’a été requise à ce jour pour garantir l’accès continu aux produits du thon à criques. La consommation intérieure de bestioles se compose principalement de poisson frais ; toutefois, le marché intérieur comprend également des thonidés de faible qualité en conserve transformés aux Maldives.

Conscient de cette dépendance à l’égard du thon pour l’alimentation et la nutrition, le gouvernement s’est efforcé de faire en sorte que le thon à skipjack continue d’être débarqué en quantités élevées à l’intérieur du pays, et de veiller à ce que le marché intérieur continue de recevoir un approvisionnement régulier de produits du thon. Cet objectif a été atteint en partie grâce à l’introduction d’un certain nombre de politiques de protection qui limitent la concurrence que doit affronter le sous-secteur lorsqu’il s’agit de pêcher le thon dans la ZEE des Maldives.

Les activités de pêche étrangères concernent principalement la pêche à la palangre et sont réglementées aux Maldives depuis l’adoption de la loi sur la pêche en 1987. Ce règlement a cloisonné la ZEE, les navires de pêche appartenant aux Maldives étant autorisés à pêcher dans toute la ZEE, et les bateaux de pêche étrangers ne autorisés à pêcher qu’au-delà des 75 premiers milles marins. Au fil du temps, les administrations publiques ultérieures ont adopté des mesures réglementaires en vertu de la loi 5/87 sur la pêche qui ont divisé d’autres zones de la ZEE pour différents types de pêche. Grâce à cette interdiction graduelle des activités de pêche étrangères dans les eaux des Maldives, le gouvernement a contribué à faire en sorte que la majorité des poissons capturés dans la ZEE des Maldives soient débarqués dans le pays, ce qui accroît la disponibilité du thon pour la production et la consommation nationales.

En 2008, en réponse aux pressions exercées par les pêcheurs maldiviens à la ligne et à la ligne à main, le gouvernement a décidé de ne pas renouveler de permis étrangers aux palangriers, ce qui a fait en sorte que tous les permis étrangers expirent d’ici la fin de 2010. En 2011, le gouvernement a recommencé à délivrer des permis aux palangriers, mais seulement s’ils étaient détenus et exploités localement. En outre, le règlement de 2014 sur la pêche à la palangre offrait une protection supplémentaire aux navires canneurs en interdisant aux palangriers maldiviens de pêcher dans les 100 premiers milles marins de la ZEE, créant ainsi une nouvelle zone de pêche à l’usage exclusif des navires de pêche commerciaux un par un [^3].

En 2014, le gouvernement des Maldives a affiné le règlement (2014/R-388) en améliorant la surveillance de la pêche, y compris l’équipage local. En outre, la modification du règlement général de 1987 sur la pêche (2011/R-21) offrait une protection supplémentaire aux pêcheurs maldiviens, car elle interdisait aux équipages étrangers de travailler sur des navires de pêche qui opèrent dans des zones de pêche communes désignées pour usage exclusif par les Maldiviens (c’est-à-dire dans les 75 premières milles). Les mesures gouvernementales décrites ci-dessus ont contribué à améliorer la sécurité alimentaire de deux façons. Directement, elles ont permis l’entrée sur le marché intérieur d’une quantité soutenue de thon, plus de la moitié des poissons débarqués étant consommés localement. Indirectement, elles ont contribué à faciliter le maintien des taux d’emploi dans les secteurs de la pêche canne et auxiliaire, contribuant ainsi à assurer un revenu durable aux citoyens maldiviens travaillant dans ces secteurs.

Secteur de la récolte

Grâce aux efforts continus déployés par le gouvernement pour développer ce secteur, la pêche au thon à skipjack a continué de jouer un rôle économique important aux Maldives, tant en termes de recettes en devises qu’en termes de contribution aux revenus de ceux qui travaillent dans ce secteur. La pêche génère une valeur annuelle approximative de 104 000 000 USD en exportations, ce qui représente plus de la moitié des exportations totales de produits de la pêche en poids (51,2 %) et 37,7 % de la valeur totale des exportations de la pêche dans le pays, après seulement le thon à nageoires jaunes (JICA et al., 2018). Environ 8 p. 100 de la population locale travaille dans le secteur primaire de la pêche aux Maldives, avec environ 40 p. 100 de la main-d’œuvre totale âgée de 18 à 24 ans (HIES, 2016). Au total, la pêche est une source clé de revenu pour de nombreuses personnes, tant directement qu’indirectement, soutenant environ 30 000 moyens de subsistance (Howgate et Leadbitter, 2016).

[^3] : La pêche une par un désigne collectivement les méthodes de pêche à la ligne, à la ligne ou à la traîne.

Le développement du secteur a été essentiel pour faciliter l’équité accrue de la pêche, pour permettre aux entreprises des Maldives de tirer plus de valeur des produits exportés et pour permettre aux pêcheurs des Maldives de recevoir un prix plus élevé pour le poisson qu’ils débarquent. Deux des événements les plus significatifs ont été la mécanisation des navires de pêche et l’introduction de DAA, localement appelés *Oivaali Kandhufathi. *

 

En 1987, le gouvernement a mis en place un programme de mécanisation des navires, fournissant une expertise financière et technique pour lancer l’introduction d’une nouvelle génération de navires. En collaboration avec la FAO et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Gouvernement maldivien a commencé à mettre en place le programme d’installation de l’AFAD principalement pour fournir aux navires un moyen de pêcher pendant la basse saison de pêche (Naeem et Latheefa, 1995). À ce jour, seul le gouvernement est autorisé à installer des DCP, qui sont réservés aux pêcheurs canneurs seulement ; le secteur privé n’est pas autorisé à les installer. En raison des améliorations apportées à la pêche par le gouvernement, les pêcheurs canneurs sont extrêmement bien rémunérés par rapport aux autres professions aux Maldives, gagnant un revenu mensuel moyen au moins deux fois plus élevé que la moyenne nationale par habitant de 1 500 dollars. Cependant, la pêche est saisonnière et ce chiffre peut donc fluctuer entre 400 USD et 3 000 USD par mois tout au long de l’année (Lecomte, 2017). Les navires de pêche aux Maldives utilisent également un système de partage des captures, ce qui signifie que les deux tiers des bénéfices générés par ces navires de pêche sont répartis uniformément entre l’équipage général, avec une part supplémentaire au capitaine et au capitaine de l’appât. Dans l’ensemble, le revenu élevé reçu par les pêcheurs reflète la valeur accordée à la pêche à la ligne, ce qui en fait un secteur de plus en plus attrayant pour travailler.

Secteur après la récolte

En 2003, le Gouvernement maldivien a partiellement privatisé le secteur de l’après-récolte, qui était jusque-là entièrement contrôlé par la MIFCO, propriété publique. Le gouvernement a divisé le pays en quatre zones différentes et a permis à des parties privées d’acheter et de traiter du poisson dans chaque zone. Au départ, quatre sociétés privées ont investi dans le processus. Toutefois, en raison de la baisse des débarquements depuis 2006 (figure 8.1), trois des entreprises ont cessé leurs activités, laissant Horizon comme le seul transformateur privé de thon à mât et à ligne aux Maldives (Sinan, 2011). Ces fermetures ont également fait en sorte que la MIFCO reste le principal transformateur de thonidés à canne dans le pays. En conséquence, la MIFCO s’est employée à améliorer son réseau d’infrastructures de stockage frigorifique sur les atolls éloignés et ses conserveries, qui, à son tour, fait partie intégrante de l’industrie de la pêche et permet aux pêcheurs maldiviens d’accéder aux marchés d’exportation.

En réponse à la pression politique visant à maintenir la parité des prix entre le skipjack maldivien et le skipjack débarqué à Bangkok, le gouvernement a également commencé à fixer le prix du thon skipjack destiné aux marchés d’exportation (Hohne-Sparborth, Adam et Ziyad, 2015). Le prix est basé sur le prix international du thon skipjack à Bangkok, mais comprend une prime à prix fixe (non liée à aucun système de certification) qui s’applique en plus du prix de base variable de Bangkok (Lecomte, 2017). Le prix fixé par le gouvernement des Maldives tient également compte des coûts et des bénéfices des navires et des coûts d’exploitation des entreprises. Les prix du skipjack gelé de Bangkok fluctuent considérablement, et les sociétés des Maldives équilibrent cette situation en utilisant les bénéfices annuels et les bénéfices tirés de la valeur ajoutée et de l’exportation vers des marchés à forte valeur ajoutée. Le Gouvernement maldivien fournit également une aide financière sous forme de prêts et de dons à la MIFCO lorsque les liquidités sont faibles. De cette façon, le gouvernement contribue à garantir un revenu stable aux navires canneurs approvisionnant les marchés d’exportation (bien que ce prix ne s’applique pas aux navires canneurs qui approvisionnent les marchés locaux).

 

À l’échelle nationale, le gouvernement applique un prix de base minimal en vertu de l’article 12 du Règlement de 2001 sur l’achat et l’exportation de thons à skipjack, conçu pour protéger les moyens de subsistance des communautés de pêcheurs. En conséquence, le secteur de la transformation du thon joue un rôle important dans l’ensemble du pays pour ce qui est de soutenir les moyens de subsistance des Maldiviens, en particulier dans les îles et atolls reculés où les possibilités d’emploi sont limitées. Le revenu des personnes travaillant dans la transformation du poisson se situe entre 238 USD et 1 736 USD par mois, selon le volume des prises et la saison (Hohne- Sparborth, Adam et Ziyad, 2015). L’une des principales activités de transformation est la transformation à sec pour produire du « poisson des Maldives », une spécialité fabriquée en faisant bouillir le thon dans de l’eau salée, après quoi il est séché. Ce secteur représente 10 000 tonnes de poisson par an, la majeure partie des activités de transformation séchée étant principalement exercées par des femmes (Macfadyen et al., 2016 ; Wessels, 2017).

Il y a très peu de femmes employées dans l’industrie de la pêche primaire aux Maldives. Toutefois, les femmes ont une présence beaucoup plus forte dans l’industrie secondaire — dans les usines de transformation (tableau 8.1), les marchés locaux et l’industrie artisanale. Bien que les données du recensement indiquent que seulement 3 % de la population est employée par l’industrie secondaire, ce chiffre n’est pas représentatif du niveau réel de participation des femmes aux activités de transformation. Par exemple, sur les 3 356 femmes déclarées sans emploi selon les données du recensement de 2014, jusqu’à 22 % de ce nombre se livrent probablement à des activités entrepreneuriales et/ou artisanales comme la transformation à sec du poisson des Maldives (Hohne-Sparborth, Adam et Ziyad, 2015).

TABLEAU 8.1

Emploi après la récolte dans le secteur formel**

Emploi dans le secteur formel après récolteHommesFemmesTotal
1 7575932 350

Note : Données sur l’emploi principalement pour les usines de transformation industrielle.

Le gouvernement a commencé à créer des coopératives pour les communautés insulaires afin d’améliorer la qualité de ces produits transformés à sec et d’accroître l’accès aux marchés grâce à une meilleure qualité. Deux coopératives en particulier, la Gemanafushi Cooperative Society et la Naifaru Cooperative Society ont été créées grâce à des fonds publics et au Fonds international de développement agricole (FIDA) et à des compétences techniques. Tous deux ont excellé et, notamment, la majorité de leurs membres sont des femmes. Par exemple, la Société coopérative de Naifaru (anciennement l’Association des pêcheurs de Naifaru) compte 91 % de femmes et 9 % d’hommes (Wessels, 2017). Cela témoigne des mesures positives prises par le gouvernement pour soutenir les activités liées à la chaîne de valeur dans lesquelles les femmes sont en particulier impliquées. La collecte et l’analyse de données ventilées par sexe sur la chaîne de valeur offrirait de nouvelles possibilités de comprendre et d’amplifier leur rôle et leur participation.

Comme il a été souligné dans les sections précédentes, dans le cas de la pêche au thon à skipjack aux Maldives, de nombreux effets négatifs du commerce international découlent de la perte de traction du fait de ne pas suivre l’évolution des demandes de durabilité des marchés internationaux pour le thon. Les Maldives ont suivi le rythme de ces demandes changeantes non seulement par leurs mesures nationales de gestion des pêches, mais aussi par leur leadership au sein de l’organisation régionale de gestion des pêches (ORGP) — la Commission des thons de l’océan Indien (CTOI) — dans le cadre des efforts déployés pour obtenir et conserver la certification MSC pour leur pêche au thon à skipjack.

En raison du caractère hautement migratoire des stocks de thon, cinq ORGP distinctes du monde entier sont chargées de leur gestion : la CTOI, la Commission pour la conservation du thon rouge du Sud (CCSBT), la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA), le thon tropical interaméricain (CITT) ; et la Commission des pêches du Pacifique occidental et central (WCPFC) (Ásmundsson, 2016).

Contrairement à d’autres ORGP, l’accord de la CTOI sur les États côtiers n’énonçait pas explicitement l’approche de précaution pour la gestion de ses stocks. Par conséquent, jusqu’en 2011, la CTOI ciblait l’utilisation optimale de ses stocks de thon. Toutefois, en 2012, les Maldives ont lancé une proposition appelant à une approche de précaution, résultant en partie de la poursuite par le pays de la certification MSC pour sa pêche au thon à la hétéro canne.

Le processus de certification du SMC pour la pêche au thon à skipjack a débuté en 2007, par lequel le gouvernement des Maldives a appuyé la Maldives Seafood Processors and Exporters Association (MSPEA) dans les premiers efforts visant à introduire la pêche dans le cadre d’une évaluation préalable. Cette initiative dirigée par MSPEA répondait directement aux demandes du marché, mais dépendait du soutien du gouvernement pour faire en sorte que les Maldives deviennent une partie contractante et pleinement coopérante de la CTOI, conformément aux conditions de certification.

Le processus de certification a d’abord été suspendu lorsqu’il a été reconnu qu’il n’y avait pas eu d’évaluation des stocks de thonidés de l’océan Indien fondée sur des modèles. En réponse, le gouvernement des Maldives a travaillé en étroite collaboration avec le Secrétariat de la CTOI pour produire une série chronologique des prises par unité d’effort (CPUE) requises pour l’évaluation des stocks [^4]. Les Maldives ont par la suite accueilli la treizième session du Groupe de travail des thons tropicaux (WPTT), au cours de laquelle la première évaluation des stocks de bestioles fondée sur des modèles a conclu que le stock était en bonne santé.

 

[^4] : [https://iotc.org/documents/catch-rate-standardization-maldivian-skipjack-pole-and-line-fishery-1970-2007](https://iotc.org/documents/catch-rate-standardization-maldivian-skipjack-pole-and-line-fishery-1970 -)

La pêche a finalement été certifiée en 2012 avec huit conditions. Les deux conditions les plus importantes dans le contexte de la CTOI étaient l’adoption de points de référence des stocks et les exigences relatives aux règles et outils de contrôle des récoltes. En réponse, dans le cadre du Plan d’action pour les clients de MSPEA, le gouvernement a travaillé en étroite collaboration avec les ONG, en particulier l’IPNLF, et les États membres de la CTOI pour s’attaquer à l’adoption de points de référence des stocks et de HCR. Les Maldives ont également recueilli l’appui d’États côtiers partageant les mêmes idées au sein de la CTOI pour des propositions de gestion fondées sur les droits qui ont suivi l’établissement de points de référence des stocks et de HCR.

L’adoption des HCR à skipjack a été précédée par des efforts résolus du gouvernement des Maldives au cours des quatre dernières années pour améliorer la gestion des stocks de thon dans l’océan Indien. Cela a commencé par une impulsion en faveur de la mise en œuvre de l’approche de précaution en vertu de la résolution 12/01 de la CTOI, qui, pour la première fois, a vu la Commission mettre en œuvre une mesure de conservation et de gestion fondée sur une approche de précaution. En 2015, les Maldives ont également dirigé la résolution sur les points de référence cibles et limites et un cadre décisionnel harmonisé pour les stocks de la CTOI dans l’océan Indien.

La proposition relative aux RHC à skipjack, qui a abouti à l’adoption de la Résolution 16/02 sur les règles de contrôle de la récolte du thon à skipjack dans le domaine de compétence de la CTOI, a reçu un soutien sans précédent de la part d’autres États côtiers de la région, 14 pays se joignant aux coparrains. Les RDS nouvellement établis en 2016 visaient à maintenir la population à des niveaux sains, tout en veillant à ce que la pêche elle-même soit rentable et accessible à tous. Compte tenu de l’état sain des stocks régionaux de thonidés à skipjack, cette mesure, contrairement à la plupart des mesures de gestion des pêches prises au niveau international, n’a pas restreint ou réduit les niveaux de pêche existants. Au lieu de cela, il a établi des mesures convenues au préalable à prendre si la pêche ne respectait pas le point de référence convenu pour la gestion (cible).

En tant que petit État insulaire en développement, les Maldives ont surmonté les défis géographiques et environnementaux pour développer l’une des pêcheries les plus durables au monde. Sa pêche au thon à hétéroclite est unique en ce sens que les pêcheurs participent activement à la sauvegarde de la ressource et que la majorité des revenus du secteur leur sont transmis, tout en continuant de jouer un rôle vital dans les communautés insulaires.

Les thonidés des Maldives sont en concurrence avec des produits similaires provenant de pays développés ou capturés par des pêcheries industrielles souvent liées à des entreprises verticalement intégrées, capables de les produire à un coût raisonnablement inférieur et en plus grandes quantités. Cela, conjugué aux demandes croissantes d’initiatives de durabilité qui permettent l’accès aux marchés, crée un certain nombre de défis qui, s’ils ne sont pas gérés, pourraient nuire à la compétitivité du thon des Maldives sur le marché mondial. L’un des principaux enseignements tirés du cas des Maldives est que le développement dirigé par le gouvernement tout au long de la chaîne de valeur — c’est-à-dire la récolte, la transformation à grande et à petite échelle, l’exportation, les activités auxiliaires et le contrôle de la qualité — peut être un facteur essentiel pour permettre au secteur de la pêche de maintenir l’accès aux marchés.

La pêche au thon à hétéroclite aux Maldives constitue donc un excellent exemple de la façon dont les pratiques de l’État peuvent adhérer aux principes des lignes directrices 7.6—7.9 du SSF. La figure 8.5 montre où les bonnes pratiques du gouvernement des Maldives s’alignent spécifiquement sur les Lignes directrices et comment ces pratiques peuvent être reproduites par d’autres États côtiers qui cherchent à développer et à soutenir leurs chaînes de valeur de la pêche artisanale, après la récolte et le commerce dans le contexte de l’alimentation la sécurité et l’élimination de la pauvreté.

Le présent document montre comment le gouvernement des Maldives a joué un rôle de catalyseur pour l’innovation et le développement, de même que la mesure dans laquelle les stratégies gouvernementales peuvent être utilisées pour promouvoir la pêche basée sur l’exportation, tout en garantissant aux citoyens nationaux la possibilité de bénéficier équitablement de la chaîne de valeur. L’approche du gouvernement peut se résumer comme permettant à ses pêcheurs et à ses travailleurs de la pêche d’avoir accès aux ressources et aux marchés marins.

 

Le Gouvernement maldivien a pris de nombreuses mesures pour faciliter à ses propres citoyens l’accès préférentiel aux ressources de thonidés à skipjack et en tirer profit. Dans un premier temps, la séparation de la ZEE des Maldives de sorte que seuls les thoniers nationaux, un par un, puissent accéder au thon dans un rayon de 75 milles marins de la côte permet à l’industrie de la pêche du pays d’être les seuls bénéficiaires de ses ressources thoniques. De plus, en imposant une prime de prix fixe en sus du prix de base de Bangkok pour les exportations de thon et un prix de base minimal pour les ventes intérieures de thon, le gouvernement a permis au secteur de la pêche de maintenir un revenu élevé et stable provenant de la pêche à la benne. En mettant en œuvre des mesures visant à faire en sorte que les secteurs primaire et secondaire de l’industrie de la pêche soient en mesure de tirer le maximum d’avantages économiques du secteur de la pêche nationale, le gouvernement crée également des conditions propices à la sauvegarde des moyens de subsistance et de la sécurité alimentaire de ses citoyens.

Le gouvernement a également contribué à faire en sorte que le secteur du thon puisse s’adapter aux conditions du marché mondial. En menant des innovations axées sur le marché en matière de durabilité, comme l’obtention de la certification MSC et la mise en œuvre de systèmes nationaux de transparence numérique, le gouvernement a créé un environnement favorable dans lequel les Maldives et ses citoyens sont bien placés pour prospérer sur les marchés mondiaux des fruits de mer. En outre, son leadership dans la gestion régionale des pêches à la CTOI a également influé sur les questions qui touchent l’industrie de la pêche thonière du pays et sa capacité de prospérer sur le plan national et international.

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*Source : Zelasney, J., Ford, A., Westlund, L., Ward, A. et Riego Peñarubia, éd. 2020. Assurer une pêche durable à petite échelle : présenter les pratiques appliquées dans les chaînes de valeur, les opérations post-récolte et le commerce. FAO sur les pêches et l’aquaculture Document technique No 652. Rome, FAO. https://doi.org/10.4060/ca8402en *

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