5.6 Technologies applicables à la pisciculture
En aquaponie, la partie aquaculture de l’équation d’intégration est largement appliquée dans un contexte de réservoir, où les poissons sont conservés dans des réservoirs, où l’eau est filtrée par des mécanismes mécaniques (élimination des solides) et biologiques (transformation de l’ammoniac en nitrate) et où l’oxygène dissous est maintenu, soit par aération ou injection directe d’oxygène (Rakocy et al. 2006 ; Lennard 2017).
Comme on l’a soutenu dans Sect. 5.0 (Introduction) de ce chapitre, des exemples historiques de chinampas (Somerville et al. 2014) et de rizières asiatiques (Halwart et Gupta, 2004) en tant que premières itérations de l’aquaponie sont des exemples infondés et inappropriés de principes aquaponiques , parce que l’aquaponie moderne repose sur des ajouts conçus de poissons et d’aliments pour poissons pour fournir un niveau de nutrition conçu aux plantes, et par conséquent, ces exemples historiques ne peuvent être considérés comme similaires (Lennard, 2017).
Les exemples historiques ci-dessus, qui reposent sur des systèmes de culture végétale basés sur le sol, mènent à la question de savoir quelles technologies aquacoles conviennent à l’intégration aquaponique. L’aquaculture de poissons nageoires en étangs d’eau douce, basée sur le sol, est la plus grande méthode de culture appliquée pour produire du poisson d’eau douce destiné à la consommation humaine (Boyd et Tucker, 2012). Une approche fondée sur l’étang repose sur la base en terre de l’étang et sur la microflore associée présente dans ce sol pour traiter et assainir les déchets produits par la pisciculture afin que les poissons ne vivent pas dans une eau susceptible d’être toxique pour eux (Boyd et Tucker, 2012). Étant donné que ce système repose sur la capacité de traitement inhérente de l’étang de terre lui-même, les densités de poissons sont relativement faibles par rapport aux autres méthodes d’aquaculture. Étant donné que les densités de poissons sont faibles (et donc que les taux d’alimentation associés sont faibles) et que l’étang lui-même traite et absorbe les déchets nutritifs produits par les poissons, les eaux des étangs présentent des concentrations extrêmement faibles en éléments nutritifs dans l’eau. Ces concentrations d’éléments nutritifs aquatiques dans les bassins sont si faibles qu’elles sont souvent inappropriées comme sources d’éléments nutritifs pour les méthodes commerciales importantes de production de plantes aquatiques (Lennard, 2017). Par conséquent, les étangs ne sont pas une méthode aquacole appropriée à intégrer à l’hydroponie en termes de taux de production végétale acceptables.
De même, les méthodes d’élevage de poissons à nageoires de piste (telles qu’elles sont régulièrement appliquées pour la production de salmonidés d’eau douce), qui fournissent de très grands volumes d’eau à des taux de renouvellement élevés ou à de faibles temps de résidence, par le biais de bassins de pisciculture contrôlés, ne conviennent pas à l’intégration aquaponique parce que le niveau d’eau élevé les taux de renouvellement ne permettent pas d’accumuler suffisamment d’éléments nutritifs pour répondre aux besoins en nutriments des plantes (Rakocy et Hargreaves, 1993).
Les technologies de pisciculture les plus appropriées à appliquer dans un contexte d’intégration aquaponique sont celles qui cultivent les poissons dans des bassins et permettent un niveau d’accumulation de déchets de poisson (accumulation d’éléments nutritifs végétaux) susceptible de conduire à des concentrations d’éléments nutritifs dans l’eau qui sont applicables à des production de plantes hydroponiques (Rakocy et al., 2006). Les principes du système d’aquaculture en recirculation (RAS) sont largement appliqués à l’aquaponie parce qu’ils fournissent les méthodes permettant de conserver et de cultiver avec succès le poisson, dans des volumes d’eau contrôlés, avec de faibles taux quotidiens de remplacement de l’eau, ce qui permet d’accumuler des déchets de poisson (éléments nutritifs végétaux) qui approchent les nécessaires à la culture hydroponique efficace des plantes (Rakocy et Hargreaves 1993 ; Lennard 2017). Les complexités et les exigences de conception du RAS sont examinées dans le chapitre 3 de cet ouvrage. Il suffit de dire que la pisciculture RAS est la seule véritable méthode appropriée à appliquer pour les composantes de la pisciculture dans un contexte aquaponique et, comme nous l’avons vu plus haut, les systèmes d’aquaculture basés sur le sol, tels que les systèmes étendus de bassins et les systèmes de culture des pistes, ne peuvent pas répondre aux besoins nutritifs des plantes et ne devrait donc pas être pris en considération.